Hommage à Philippe Juraver.

19 novembre 2025 |
11:59

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Le Conseil régional a rendu hommage à Philippe Juraver le mercredi 19 novembre 2025. Retrouvez ci-dessous le texte et la vidéo du discours du président du groupe LFI-A, Vianney Orjebin, ainsi que la vidéo de l’intégralité de l’hommage rendu par l’institution avec le discours de la présidente de Région et la minute de silence.

Madame la Présidente,
Mesdames, Messieurs les députés,
Mesdames, Messieurs les conseilleres et conseillers régionaux,
Mesdames et Messieurs, chers camarades,
Chère Anouck.

Aujourd’hui, nous ne rendons pas seulement hommage à un camarade qui nous a quittés. Nous célébrons une conscience et une force enracinée dans la solidarité et la camaraderie. Même parti, c’est lui qui réchauffe nos cœurs des brasiers de l’amitié, de la fraternité et de la lutte qu’il a patiemment allumés au long de sa vie et qui nous rassemblent aujourd’hui. Philippe Juraver n’a pas simplement vécu : il a bataillé, il a inventé, il a résisté. Il s’est tenu debout face à la fatalité, de bout en bout, car il savait que l’histoire ne tombe pas du ciel ; elle se conquiert, se construit, pierre après pierre, bannière après bannière.

Philippe était un homme qui ne rêvait pas d’utopies éthérées mais forgeait le futur dans le réel — sur les quais des RER, dans les cabines de conduite, dans la chaleur des assemblées syndicales de la CGT ou à la table sévère des conseils d’administration d’IDFM. Il connaissait la vie des gens, les siens au premier chef les conducteurs, les cheminots qu’il défendait avec toute la chaleur de son humanité dans les frimas des piquets de grève de l’aurore, mais aussi tous les autres, les travailleurs et les usagers des galères des transports du jour et de la nuit. La bataille du rail, chasuble sur le dos d’abord, écharpe tricolore sur l’épaule ensuite, il en faisait un motif du feu de sa vie : non pour parler dans le vide, mais pour arracher des pans de dignité, de liberté et d’égalité pour les travailleurs ou pour les usagers des transports d’Ile-de-France. Face aux exploiteurs et aux courbés de l’échine, face aux dominants et aux adeptes de l’à-plat-ventrisme ou de la pusillanimité, il s’est toujours tenu dans le soleil des révoltés. Ses mots, son habilité, sa détermination et son sourire impérissable seraient venus à bout de tout : des tunnels encombrés, des taxis envolés, des transports démembrés, des voyageurs délaissés. Des frondaisons des rebellions, il nous tirait vers les canopées lumineuses. Des esquisses indignées du présent, il voyait loin des futurs incandescents.

Philippe ! Tu avais ce don rare : rendre chacun plus fort, plus digne, plus conscient encore qu’on ne se bat pas pour soi, mais pour tous. Tu vivais selon cette conviction : rassurer les autres avant de te rassurer toi-même car tu avais toujours le doute de ne pas en faire assez pour écoper la mer des malheurs. Toi notre colosse si humble. Le sens de ta vie ne naissait pas dans ton angoisse, mais dans ton action pour le monde fraternel. C’est la lutte qui te le donnait, ce sens, c’est lui que tu conquérais.

Malheur à ce vent mauvais de la maladie qui t’a emporté si vite ! Personne n’est maître de la mort et qu’on se le tienne pour dit, car cela semble l’évidence la plus injuste à cette heure, elle emporte, cette inextinguible ravisseuse, d’abord, hélas, les plus doux et les meilleurs. Tu t’es battu face à elle comme tu avais fait de ton existence un combat. La mort, aussi implacable soit-elle, ne pourra pas éteindre les braises que tu as allumées autour de toi.

Car, Philippe, tu n’es pas seul. Fort heureusement ! Dans la nuit noire, tu es un fanal de notre cohorte populaire. Et tu es un jalon sur le long chemin de l’immense famille que nous sommes dans l’histoire de la République sociale et des résistances.

A toutes celles et ceux, anonymes ou fameux, qui, au signal de ta disparition, se sont avancés pour dire leur affliction et leur respect pour toi, au nom de nous toutes et tous insoumis, nous vous disons merci.

A Olga, ton épouse, à Anouck, ta fille, à ta famille, tes proches, tous tes camarades, notre groupe adresse aujourd’hui notre affection la plus profonde.

Nous partageons leur peine, mais – croyez moi – nous la transformons en promesse : la promesse que nous poursuivrons tes combats, que nous ferons vivre tes idées, que nous porterons ton flambeau dans chaque réunion, chaque piquet, chaque manifestation.

Et voici ce que nous voulons te dire Philippe enfin, en forme de message d’adieu : ton départ creuse un silence lourd, mais il fait aussi naître un élan : poursuivre ta marche, amplifier ta lutte, celle contre les injustices, les oppressions, les préjugés. Nous te rendRons hommage comme il se doit, non avec de creux verbiages de tribune, mais dans l’action concrète et collective. Parce que ton héritage, ce n’est pas un monument, c’est un mouvement. Et nous le portons dès aujourd’hui. Fifi, pour les uns, Juju pour les autres , Philippe pour tous : nous ramassons ton flambeau à terre et nous le brandissons très haut.

« Ici chacun sait ce qu’il veut, ce qu’il fait quand il passe.
Ami, si tu tombes un ami sort de l’ombre à ta place. »

Merci.

Discours d’hommage de Vianney Orjebin :

L’hommage du Conseil régional à Philippe Juraver en intégralité :

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